Propos

Portes ouvertes des ateliers d'artistes de Belleville

La liberté de mouvement que m’autorisait enfant la vie à la campagne donnait la parole au corps dans une conversation naturelle et intime avec les éléments. Cet échange prenait les couleurs multiples des saisons et ces rendez-vous renouvelés chaque année portaient avec eux des promesses heureuses. Je suis toujours porteuse de cette mémoire des sens mis en éveil alors d’une façon si particulière, dans un temps qui coulait doucement. Habitante de la ville maintenant, je ressens parfois son rythme discontinu et frénétique comme une agression. Le corps y est contraint et amoindri, et l’esprit prend le pas. Mon travail vient en résonance avec ce ressenti corporel. Acte de résistance à une vitesse imposée, particulièrement par la vie urbaine. C’est autour de ces antagonismes et de la notion de cycle que s’élaborent mes recherches. Ma matière première, journaux, vieux livres ou cahiers, est rudimentaire, et j’aime expérimenter à partir de ce peu de chose destiné au rebut. La pâte à papier que je prépare est modelée, comprimée, sculptée. Les « rondelles » ou « demi-rondelles » sont la lettre d’un alphabet toujours en devenir. Elles sont assemblées, superposées, incrustées. Elles sont le cœur de formes qui se construisent lentement, entre végétal et minéral — les Concrétions, pierres de papier, les Sillages, bois fossiles ou froissés géologiques, les Forêts d’intérieur, reconstitutions boisées pour appartement. En corolaire, Fragments ou Monuments s’intéressent au texte imprimé pour donner corps à l’immatériel.

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